Mézerville

Mézerville est une commune française, située dans le département de l’Aude en région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Ses habitants sont appelés les Mézervillais.

Commune située dans le Lauragais, sur le Gardijol.

XIIIe siècle

Mézerville apparaît pour la première fois dans l’acte d’acquisition fait par Raimond-Roger, comte de Foix, des fiefs de Molandier, La Louvière, Mézerville auprès de Bernard et Sicard de Montaut1, le 6 janvier 1208.

Sicard de Montaut, allié des croisés, participe au siège de Toulouse de 1218. On lit dans la Chanson de la croisade albigeoise : « À la tête des croisés le comte de Montfort s’élance rapidement le premier, à sa suite Sicard de Montaut et son gonfanonier, Jean de Berzy et Foucaud… ». Sicard est blessé à Baziège en 1219, il rejoindra le comte de Toulouse ultérieurement.

Les fiefs cités plus haut constituent à cette époque la frontière nord-est du comté de Foix. Il est probable que Sicard de Montaut ait cherché à protéger ou à récupérer ses biens en s’alliant à Simon de Montfort. Propriétaire des lieux, le comte de Foix héberge à Mézerville, sans doute avec le titre de châtelain, noble Pierre-Raimond de Rabat. Suspecté de catharisme, ce dernier est interrogé par l’inquisiteur Bernard de Caux en 1246 (Cahiers de Bernard de Caux, Doat XXII, traduction Jean Duvernoy) : « ..L’an du Seigneur 1246, le 6 des ides de juillet (9 juillet 1246), Pierre-Raimond de Rabat chevalier qui demeure à Mézerville, témoin ayant prêté serment dit : j’ai vu à Belestat (entre Saint-Sernin et Mézerville) des parfaits résidant publiquement, ainsi qu’en plusieurs autres lieux. Mais je n’ai eu alors aucun commerce avec eux. Il y a seize ans environ. – Item, j’ai vu des parfaits savoir Bertrand Marty (de Caillavel, commune de Belflou) et son compagnon à Montségur, et, j’ai vu là avec eux Arnaud Roger, Bertrand de Congost, Raimond de Pereille, et Corba sa femme, mais je n’ai pas adoré ni vu adorer. J’ai quand même entendu un peu de la prédication de ces parfaits. Il y a quinze ans environ. – Item j’ai vu à Fanjaux le parfait Agulher dans sa propre maison, mais je n’ai rien fait ou dit avec ce parfait. Il s’est confessé à frère Guillaume Arnaud et à frère Ferrer, et il reconnaît que ses confessions sont vraies, et il abjura l’hérésie et jura…

Témoins Arnaud, prieur de Saint-Sernin, frère Guillaume Pelhisson, Nieps, clercs, frères Bernard et Jean inquisiteurs. Par la suite il reconnaît qu’il avait adoré, ainsi qu’il est contenu dans sa confession. Et il reconnaît aussi qu’il a cru que c’étaient des bonshommes quand il adorait. Mêmes témoins. »

Dans le registre de l’Inquisition de Jacques Fournier en 1320, un personnage important de Montaillou, Béatrice de Planissoles, châtelaine du lieu, suspectée de catharisme, est interrogée à plusieurs reprises par l’évêque. Elle tente de fuir une convocation à Pamiers, se réfugie à Belpech et fait appel à l’un de ses anciens amants, Barthélémy Amilhac alors prêtre à Mézerville qui vient la retrouver.

« Il me dit que j’avais eu tort de fuir, qu’il me fallait revenir et comparaître devant monseigneur l’évêque. Je répondis que je ne le ferais en aucune manière…Le prêtre me dit : si c’est ainsi, prenez cet argent et il me donna huit tournois d’argent…dit qu’il ne m’abandonnerait pas jusqu’à ce que je fusse à Limoux, mais qu’après la fête de l’invention de Saint-Etienne (5 août), fête pour laquelle il lui fallait être à Mézerville parce que c’est la fête du lieu, il me conduirait à Limoux…Je me réjouis de l’entendre…Nous allâmes, moi, ce prêtre et un sergent de Belpech, au Mas-Saintes-Puelles où je fus arrêtée par les gens de monseigneur l’évêque et amenée par eux auprès de lui. »

Il est remarquable que de nos jours l’église paroissiale de Mézerville soit toujours dédiée à saint Etienne, et que en 1738, elle était une annexe de Sainte-Camelle. (Dictionnaire du département de l’Aude par l’abbé Sabarthès). Il faut ensuite attendre plus d’un siècle pour retrouver trace de l’histoire de Mézerville. Siècle au cours duquel la peste sévit et décime plus du quart de la population.

Nous savons toutefois qu’au XIVe siècle, Gaston Phébus est propriétaire de Mézerville. Nous nous plaisons à imaginer qu’il venait y chasser et que c’est là, devant la barrière des Pyrénées qu’on voit se dresser au loin depuis la cour du château, qu’il a composé le toujours célèbre « Se canto », devenu au cours des siècles comme un hymne du sud-ouest de la France.[style à revoir]

XVe et XVIe siècles

Armes : selon ses sceaux, un aulne à trois branches (sans doute d’or à l’aulne de sinople). Cimier : une main appaumée. Armes d’Aulon

Aux Archives Départementales de la Haute-Garonne, série B, nous avons trouvé une indication datée de 1486 attribuant Mézerville au chevalier Jehan d’Aulon (1390-1458), conseiller du roi et sénéchal de Beaucaire.

Cette indication figure dans les actes du procès qui opposa le petit fils de Jehan d’Aulon à Hélène de Mauléon. À l’issue de ce procès, Mézerville est attribué au petit-fils, comme faisant partie des biens propres apportés par feu Jehan d’Aulon lors de son mariage. En effet une autre indication, antérieure, nous est donnée par Maurice Vuillier dans « Histoire de la famille de Mauléon ». Il cite Hélène de Mauléon, dame de Caudeval, mariée le 23 septembre 1428 à Jehan d’Aulon, chevalier, seigneur de Mézerville, Peyrefitte et Belesta.

Jehan d’Aulon, personnage considérable selon l’historienne Régine Pernoud, « est célèbre pour avoir été pour Jeanne d’Arc le compagnon de tous les instants » de Poitiers à Rouen puisqu’il fut fait prisonnier avec elle. Le roi Charles VII l’avait choisi pour veiller personnellement sur Jeanne parce qu’il était « le chevalier le plus sage et de l’honnêteté la plus éprouvée de tout son entourage ». Sa conduite auprès d’elle lui valut d’être investi par Charles VII de plusieurs missions de confiance. « Lors de son entrée solennelle à Paris en 1437, c’est lui qui à pied tenait par la bride le cheval du roi ». Ensuite l’archevêque de Reims, Jean Juvenal des Ursins, sollicite son témoignage lors du procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc.

 

Lieux incontournables:

Le château de Mézerville est édifié au sommet d’une colline de la Piège, à 330 m d’altitude, dans la province du Lauragais, au sud-ouest de la France. Il date, pour l’essentiel de son gros œuvre, du début du XVe siècle.

Cette époque troublée, pleine d’insécurité, de la fin de la guerre de Cent Ans explique le caractère très austère du bâtiment à vocation militaire de défense.

Il fut la propriété des comtes de Foix au XIIIe siècle. On retrouve à l’intérieur quelques éléments d’architecture de cette époque.

Au XVIe siècle, avec la richesse du pastel, des fenêtres à meneaux seront ouvertes sur la façade sud.

Dans les siècles suivants, le bâtiment ne sera pratiquement pas modifié, ce qui nous permet aujourd’hui de disposer d’un ensemble assez homogène des XVe et XVIe siècles.

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